Causes de la douleur liée au Trouble Musculo-Squelettique (TMS)
Une douleur persistante peut apparaître sans lésion visible et s’installer durablement malgré l’absence de traumatisme aigu. Certains métiers de bureau présentent un taux d’absentéisme supérieur à celui des professions manuelles, malgré une exposition moindre aux efforts physiques intenses.
La répétition de gestes anodins suffit à déclencher des symptômes parfois sévères. Une sollicitation prolongée d’un même groupe musculaire expose autant qu’un port de charge occasionnel. Cette réalité bouleverse les idées reçues sur l’origine et la gravité des atteintes du système musculosquelettique.
Plan de l'article
Comprendre les troubles musculo-squelettiques : de quoi parle-t-on vraiment ?
Les troubles musculo-squelettiques, que l’on désigne souvent par le sigle TMS, s’imposent comme la première maladie professionnelle en France. Loin derrière, les autres affections peinent à rivaliser en nombre de cas déclarés. Le spectre est large : de la douleur qui s’installe dans la main jusqu’aux pathologies plus complexes qui touchent l’épaule ou le coude. Muscles, tendons, ligaments, nerfs périphériques, le système musculosquelettique encaisse sans broncher, jusqu’à ce que la mécanique s’enraye. Geste répété, posture crispée, manque de récupération : la défaillance s’installe souvent à bas bruit.
Dans les cabinets médicaux, certains diagnostics reviennent inlassablement. Voici les pathologies qui s’imposent le plus souvent dans le monde du travail :
- Syndrome du canal carpien : la hantise des adeptes du clavier et de la souris, cette affection touche particulièrement ceux qui passent leurs journées devant un ordinateur,
- Épicondylite ou “tennis elbow” : fréquente chez les professionnels exposés aux vibrations, elle affecte aussi bien les ouvriers que certains soignants,
- Syndrome de la coiffe des rotateurs de l’épaule : la bête noire des manutentionnaires, aides-soignants et métiers où l’on soulève ou manipule régulièrement.
La douleur ne se manifeste pas de la même façon chez tous les salariés. Pour les uns, c’est une gêne sourde et persistante ; pour d’autres, des picotements ou une diminution de la force. Souvent, la gêne évolue par poussées, alternant périodes d’accalmie et reprises brutales, ce qui brouille les pistes et retarde parfois la prise en charge.
Les troubles musculo-squelettiques n’ont rien d’une simple gêne passagère. Ils finissent par modifier les gestes du quotidien, imposent parfois un arrêt de travail de longue durée et affectent la santé au travail. Les conséquences se mesurent autant sur le plan humain, fatigue, perte de confiance, que sur le plan économique pour les entreprises et la société.
Quels sont les facteurs qui provoquent la douleur liée aux TMS, et pourquoi certaines professions sont-elles plus à risque ?
La douleur associée au trouble musculo-squelettique (TMS) ne surgit pas au hasard. Elle résulte d’un enchevêtrement de facteurs ergonomiques, psychosociaux et individuels. D’un côté, les gestes répétés, le port de charges, les postures figées usent les tissus, souvent sans bruit ni heurt. De l’autre, une charge de travail excessive laisse peu de place à la récupération. Les risques TMS explosent lorsque l’organisation du travail ne prévoit ni alternance des tâches, ni temps de pause pour permettre au corps de souffler.
L’environnement professionnel ne joue pas qu’un rôle secondaire. Un atelier bruyant, mal agencé, ou des outils inadaptés imposent des contraintes mécaniques qui finissent par peser lourd. Selon le code du travail, l’évaluation des risques devrait être effectuée régulièrement. Pourtant, trop d’entreprises tardent à intégrer la prévention dans leur organisation quotidienne, exposant leurs salariés à des douleurs évitables.
Les facteurs psychosociaux viennent ajouter leur part à l’équation. Sous la pression des délais, avec une autonomie limitée ou en l’absence de reconnaissance, la tension s’invite dans les muscles. Cette crispation invisible aggrave la douleur, accélère l’apparition des TMS et concerne aussi bien l’industrie que la logistique, les métiers du soin ou encore la restauration rapide.
Quant aux facteurs individuels, l’âge, les antécédents, l’hygiène de vie, ils déterminent aussi la capacité de chacun à résister ou non à ces troubles. Certains profils, par leur vulnérabilité, voient les symptômes s’installer plus vite. Croiser ces paramètres permet de comprendre pourquoi certaines professions, exposées à des gestes répétés ou à une forte intensité physique, accumulent les cas de TMS.
Prévention et solutions concrètes : limiter l’impact des TMS au quotidien et sur le long terme
Pour limiter l’impact des troubles musculo-squelettiques, l’action doit commencer dès l’arrivée dans l’entreprise. L’aménagement du poste de travail constitue le socle de la prévention : ajuster la hauteur du bureau, choisir des outils adaptés, organiser l’espace pour éviter la répétition des gestes et la posture immobile. Mais cela ne suffit pas. La formation aux bons gestes, la sensibilisation de tous les salariés sont indispensables pour réduire le nombre de mouvements à risque.
La prévention des TMS implique aussi de varier les tâches et de prévoir des temps de repos suffisants, permettant aux muscles, tendons et ligaments de retrouver leur équilibre. Certaines entreprises sollicitent un ergonome pour analyser chaque situation de travail et proposer des solutions sur-mesure. Si la douleur apparaît, le relais est pris par un médecin du travail, un kinésithérapeute ou un ostéopathe qui oriente vers la rééducation adaptée, que ce soit en kinésithérapie, ostéopathie ou, parfois, en posturologie.
Actions recommandées en entreprise
Voici les leviers à activer en entreprise pour contenir les TMS et protéger la santé des salariés :
- Évaluer régulièrement les risques et adapter l’organisation pour limiter l’exposition aux facteurs de TMS
- Encourager l’activité physique régulière afin de renforcer muscles et articulations
- Mettre en place des ateliers de gestion du stress, car l’impact psychologique majore souvent les douleurs
- Favoriser la communication entre employeurs et salariés pour que les troubles soient signalés dès leur apparition
Lorsqu’une politique de santé et sécurité au travail s’ancre dans le quotidien des équipes, les TMS reculent. Les entreprises qui s’engagent dans cette voie transforment durablement le sort de leurs salariés, et par ricochet, celui de la collectivité.
Sous la surface, les TMS grignotent lentement la vitalité des équipes. Mais chaque geste préventif posé aujourd’hui dessine une trajectoire différente : celle d’un travail qui ne rime plus avec douleur, mais avec équilibre retrouvé.
