Jeux adaptés aux personnes atteintes d’Alzheimer : choix et bienfaits
9 personnes sur 10 sous-estiment l’effet d’un jeu bien choisi sur la mémoire, même lorsque l’Alzheimer s’installe. Ici, la partie ne se joue pas contre la maladie, mais avec elle. La majorité des jeux traditionnels deviennent vite impraticables : règles enchevêtrées, enchaînements à retenir, vitesse exigée… tout cela finit par rendre l’expérience frustrante. Pourtant, des variantes existent, pensées pour s’adapter aux pertes de repères et transformer le jeu en moment partagé, sans enjeu de victoire ni stress inutile.
On imagine parfois que le jeu n’est qu’un passe-temps. C’est une vue bien courte. Lorsqu’il répond aux besoins spécifiques d’une personne atteinte d’Alzheimer, il apporte un souffle nouveau : mémoire, liens sociaux, confiance retrouvée. Mais pour cela, il faut savoir choisir et ajuster chaque activité. Pas question de prendre le premier jeu venu, il s’agit de sélectionner ceux qui pourront vraiment accompagner la personne, selon l’avancée des symptômes et ses préférences du moment.
Plan de l'article
Pourquoi les jeux sont essentiels pour accompagner une personne atteinte d’Alzheimer
L’absence d’activité laisse le terrain libre au déclin cognitif accéléré associé à l’Alzheimer. Les équipes soignantes l’observent chaque jour : instaurer une routine d’activités, notamment par le jeu, ralentit la perte des capacités cognitives et aide à maintenir ce qui reste. Un jeu adapté stimule plusieurs dimensions : mémoire, langage, motricité, mais aussi la sphère relationnelle et émotionnelle.
Les jeux de mémoire favorisent l’évocation visuelle, auditive ou tactile et se déclinent en de nombreux formats. Les jeux de société réinventés sollicitent la concentration, l’attention, la logique, tout en restant accessibles. Cette diversité d’outils permet d’ajuster l’activité selon le stade d’Alzheimer et les goûts de chacun. La stimulation cognitive va d’ailleurs bien au-delà du jeu sur table : elle s’invite au jardin, dans la cuisine, tout au long du quotidien.
Le jeu n’est pas qu’une gymnastique intellectuelle. Il structure la journée, crée des moments partagés, suscite des sourires qui semblaient perdus. Les activités créatives nourrissent l’estime de soi ; les tâches simples du quotidien apportent une utilité concrète. Parfois, la zoothérapie ou l’art-thérapie viennent compléter ce dispositif, en apportant une bulle de bien-être.
Voici un aperçu des types de jeux qui s’intègrent le mieux dans l’accompagnement au fil des stades :
- Jeux de mémoire : sollicitent la mémoire visuelle, auditive, tactile ou même autobiographique
- Jeux de logique : mobilisent raisonnement, stratégie, concentration
- Jeux de langage : favorisent l’expression orale, la compréhension, le lien social
- Activités créatives et physiques : développent la motricité fine, la coordination, l’autonomie
En rendant ces moments réguliers, conviviaux et sur-mesure, on améliore non seulement la vie de la personne malade, mais aussi celle de l’aidant qui retrouve un espace d’échange et de complicité.
Quels jeux privilégier selon le stade de la maladie et les envies de chacun ?
Au tout début de la maladie, les jeux de société connus gardent leur attrait. Un puzzle, une partie de dominos ou de Triominos font travailler la concentration et la perception de l’espace. Le Scrabble ou le jeu de 7 familles réveillent la mémoire des mots et offrent des moments d’échange chaleureux. Mais à mesure que les troubles s’installent, il devient judicieux de simplifier l’approche et d’opter pour des jeux adaptés au rythme de chacun.
Quand la maladie progresse, les activités sensorielles et de mémoire immédiate prennent le relais. Un Memory stimule la reconnaissance visuelle, le Trapenum fait appel au toucher. Le loto des odeurs ou des saveurs, souvent ancré dans des souvenirs personnels, favorise la convivialité et l’évocation de moments passés. Les jeux d’attention comme Dobble ou Lynx maintiennent la vigilance et l’observation, même sur de courtes périodes.
Quand la maladie atteint un stade avancé, la simplicité devient la règle d’or. Les activités manuelles, le jardinage, la danse, la gymnastique douce apportent du mouvement, du plaisir, et préservent certains repères. La méthode MALO structure la semaine avec des séances ciblées sur la mémoire, l’attention ou le langage, en tenant compte des capacités du moment. Dans tous les cas, le choix du jeu doit s’appuyer sur l’écoute des envies et réactions de la personne. Ce qui compte : le plaisir partagé, l’absence de compétition, l’adaptation constante pour garder le jeu accessible.
Des conseils concrets pour choisir, adapter et partager des moments ludiques au quotidien
Pour choisir un jeu adapté, commencez par observer ce que la personne aime et ce qu’elle peut faire sans se sentir dépassée. Variez les supports : cartes à manipuler, objets, jeux d’association, ateliers créatifs. L’idée n’est pas de forcer, mais de proposer une stimulation qui reste accessible et agréable.
Si les troubles cognitifs compliquent la tâche, ajustez la règle, réduisez le nombre d’éléments, inventez une variante plus simple. Il existe des jeux spécifiquement conçus pour les personnes atteintes d’Alzheimer (Agoralude, Facilavi) : ils rendent la démarche plus simple, tout en apportant un contenu renouvelé. France Alzheimer met à disposition des cahiers d’exercices gratuits et Ludesign propose des jeux à imprimer, de quoi varier les activités et soutenir les aidants.
Le jeu prend toute sa valeur quand il devient un support d’interaction sociale. Installez-vous dans un endroit calme, limitez les distractions. Prenez le temps d’expliquer, d’encourager, de valoriser chaque participation, même la plus modeste. En groupe, le jeu stimule la communication et l’esprit d’équipe. En duo, assembler un puzzle ou jardiner ensemble crée une parenthèse précieuse.
- Simplifiez les consignes et adaptez la durée du jeu à la capacité de concentration.
- Alternez les activités et sollicitez différentes fonctions : mémoire, langage, motricité fine.
- Mixez jeux structurés et activités libres, pour préserver le plaisir du moment.
Pour les proches, se former fait toute la différence. Des organismes comme IPERIA ou les associations dédiées proposent des formations pratiques pour accompagner chaque étape, outiller le quotidien et rendre à ces moments ludiques leur pleine dimension humaine.
À chaque partie, c’est un peu de lumière qui revient. Un rire, un mot retrouvé, un regard complice : ces instants ne guérissent pas, mais ils redonnent du sens, et parfois, c’est tout ce qui compte.
