Maladie

Maladie mentale la plus mortelle : les principales causes de décès et prévention

Perdre vingt ans d’espérance de vie à cause d’une maladie que la société préfère ignorer : voilà la réalité qui frappe les personnes touchées par des troubles psychiatriques sévères. Ce raccourcissement brutal de la vie ne s’explique pas seulement par le suicide, loin s’en faut. Les décès prématurés se multiplient aussi à cause de pathologies physiques qui passent souvent sous le radar médical.

Quand on regarde de près, ce sont les maladies cardiovasculaires, les cancers et certaines infections qui s’invitent au rang des principaux responsables de cette hécatombe silencieuse. Trop de personnes souffrent d’un manque d’accès aux soins adaptés, voient leurs symptômes négligés ou se heurtent à la stigmatisation. Résultat : les diagnostics tombent trop tard, et la prise en charge laisse à désirer.

Quels troubles mentaux sont les plus concernés par la mortalité ?

Les chiffres sont sans appel : vivre avec un trouble psychiatrique sévère augmente fortement le risque de mourir jeune. Parmi la diversité des troubles mentaux, la schizophrénie et le trouble bipolaire se distinguent par leur impact dramatique sur l’espérance de vie. Ces diagnostics entraînent une vulnérabilité accrue, non seulement à cause du risque de suicide, mais aussi du poids des maladies physiques associées. La moyenne d’âge au décès recule nettement, sans distinction de genre.

En France, la courbe de la mortalité chez les personnes vivant avec une maladie mentale sévère suit la même pente qu’ailleurs en Europe. Les troubles dépressifs majeurs, et dans une moindre mesure certains troubles anxieux, augmentent eux aussi le risque de décès prématuré. Trop souvent, la santé mentale interagit avec des maladies physiques ignorées ou mal prises en charge, ce qui aggrave encore le tableau.

Voici quelques repères pour mieux cerner l’ampleur du problème :

  • Schizophrénie : jusqu’à vingt ans d’espérance de vie en moins
  • Trouble bipolaire : un taux de suicide qui explose, jusqu’à vingt fois plus élevé que dans la population générale
  • Troubles dépressifs majeurs : la mortalité double par rapport à ceux qui n’en souffrent pas

Le suicide n’est donc qu’une partie de l’équation. Les enquêtes épidémiologiques montrent que les maladies du cœur, les atteintes respiratoires et les cancers frappent plus tôt et plus fort chez ceux qui vivent avec des problèmes de santé mentale. Faute d’un accompagnement médical continu et coordonné, nombre de besoins restent en suspens, augmentant le risque de décès prématuré.

Principales causes de décès liées aux maladies mentales : chiffres et explications

Limiter la mortalité associée aux maladies mentales au seul suicide serait une erreur de perspective. En France, les certificats de décès attribuent près de 15 % des morts chez les personnes présentant un trouble psychiatrique à un passage à l’acte suicidaire. Mais si l’on examine la totalité des causes, le paysage se complexifie.

Les études issues de l’Institut national de la santé et de l’Organisation mondiale de la santé sont sans équivoque : les affections somatiques pèsent lourd dans la balance. Les maladies cardiovasculaires, les cancers et les pathologies respiratoires s’affichent en haut du classement des causes de décès chez ces patients. Prenons l’exemple d’une étude canadienne : les hommes atteints de psychose y présentent un risque de décéder multiplié par deux ; pour les femmes, l’excès de mortalité grimpe à 60 %.

Les causes évoluent selon le type de trouble et l’âge : chez les jeunes, le suicide domine ; passé la cinquantaine, les maladies chroniques prennent le dessus. En France, l’analyse des causes multiples certificats fait ressortir une surmortalité masculine, même si l’écart avec les femmes tend à se réduire avec le temps.

Cause de décès Part estimée chez les patients avec troubles mentaux
Suicide 15 à 20 %
Maladies cardiovasculaires 30 à 40 %
Cancers 20 à 25 %
Pathologies respiratoires 10 à 15 %

La classification internationale des maladies, qui sert à coder les différentes causes de décès, révèle la complexité des situations rencontrées. Grâce à l’étude des certificats de décès multiples, il devient possible de mieux comprendre la façon dont la maladie mentale s’entremêle avec les comorbidités physiques. Le résultat : une cartographie plus précise des dangers qui guettent ces patients au quotidien.

Jeune homme marchant seul dans une rue de ville

Prévenir les décès évitables : l’importance du suivi et de la prise en charge

Limiter les décès liés à la maladie mentale suppose d’agir sur plusieurs fronts : repérer tôt, offrir une prise en charge de qualité, garantir la continuité du suivi. Les recherches françaises démontrent qu’un accès à des traitements psychothérapiques ou biologiques adaptés fait reculer la mortalité, surtout pour les troubles les plus sévères. La clé ? Renforcer la coordination entre psychiatres, généralistes et acteurs médico-sociaux.

Le rôle du suivi médical

Un suivi médical rigoureux joue plusieurs rôles majeurs :

  • Rester attentif aux comorbidités somatiques (maladies cardiovasculaires, diabète, cancers) : les personnes suivies régulièrement bénéficient d’un dépistage plus précoce, ce qui change la donne.
  • Ajuster les traitements au fil de l’évolution clinique et des effets secondaires : chaque adaptation doit s’appuyer sur une évaluation globale des risques.

Les analyses de l’Inserm le montrent clairement : assurer une continuité de soins ne réduit pas seulement le risque de suicide, mais aussi celui d’accidents cardiovasculaires ou de complications métaboliques. La classification internationale des maladies (CIM) permet de mieux cibler les profils vulnérables, ce qui facilite la personnalisation des parcours de soins.

Aller plus loin dans la prévention, c’est aussi combattre la stigmatisation. L’isolement social et les délais de consultation aggravent la vulnérabilité. Les campagnes d’information et la formation des professionnels permettent de détecter plus tôt les signaux d’alerte, limitant ainsi les situations à haut risque. Aborder la santé mentale dans sa globalité, sans négliger l’accès aux soins physiques et les déterminants sociaux, s’impose comme une évidence pour inverser la tendance.

Face à cette réalité, la société n’a plus le luxe de détourner le regard. Prévenir, coordonner, écouter : chaque geste compte pour redonner des années à la vie de celles et ceux que la maladie mentale fragilise. Le combat ne fait que commencer.