Maladie

Nom de la maladie liée à l’usage excessif du téléphone

Un trouble qui touche des millions sans être reconnu officiellement : le diagnostic de la dépendance au téléphone portable n’existe pas dans le célèbre Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Pourtant, les écrans, et en particulier le smartphone, s’imposent partout. Dès 2008, la « nomophobie » fait son apparition dans les travaux scientifiques. Ce mot entre dans le vocabulaire médical, même si les psychiatres ne parlent pas tous d’une seule voix à son sujet.

Quand l’usage du téléphone devient problématique : comprendre les maladies associées

L’addiction au téléphone portable s’impose comme la nouvelle figure de la dépendance technologique. Elle prend racine chez les adolescents et les jeunes adultes, souvent happés par l’utilisation excessive du smartphone : réseaux sociaux à rallonge, jeux vidéo en boucle, applications de paris. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme sur les effets délétères pour la santé mentale et physique de ces usages continus. En France, les études sont claires : raccourcir le temps passé sur l’écran améliore nettement la qualité de vie.

L’usage intensif du téléphone ne se limite pas à un simple décompte d’heures. Les professionnels de santé ont répertorié différents troubles liés au smartphone. Isolement social, anxiété, troubles du sommeil, difficultés d’attention, voire dépression : la liste s’allonge. L’engrenage se met en route discrètement. D’abord, un besoin constant de vérifier ses notifications, puis l’envie irrépressible de publier, répondre, jouer ou réagir. Rapidement, les répercussions se multiplient :

  • Isolement social : les échanges directs s’effacent peu à peu
  • Troubles psychologiques : anxiété, irritabilité, estime de soi en berne
  • Troubles physiques : douleurs à la nuque, fatigue chronique, inconfort visuel

La dépendance numérique prend souvent racine chez des publics plus fragiles : adolescents, jeunes adultes, personnes anxieuses ou avec une personnalité borderline. Les chiffres récents évoquent 60 à 70 % d’utilisateurs montrant des signes de dépendance, avec des impacts sur le sommeil, la concentration et le quotidien. L’OMS préconise l’activité physique chaque jour pour contrebalancer la surcharge d’écrans et rétablir une forme de stabilité psychique.

Nomophobie, text-neck, selfite : quelles sont ces pathologies modernes ?

La nomophobie : ce mot étrange désigne la peur panique d’être séparé de son téléphone , batterie vide, pas de réseau, appareil oublié à la maison. En France, trois jeunes sur quatre, parmi les 18-24 ans, s’y reconnaissent. Si cette anxiété technologique n’est pas officiellement classée comme maladie mentale, elle s’exprime dans le corps et l’esprit : palpitations, sueurs, tremblements, nuits hachées, sentiment d’isolement. Pour beaucoup, la dépendance n’est pas virtuelle, elle s’installe dans la vie de tous les jours.

L’utilisation excessive du smartphone entraîne d’autres maux. Le text-neck, d’abord : ce syndrome affecte le cou et le dos à force de consulter l’écran tête penchée. Les plaintes se ressemblent : douleurs cervicales, contractures du haut du dos, fatigue qui s’installe. Les adolescents et jeunes adultes se retrouvent en première ligne.

Impossible de passer à côté de la selfite, cette compulsion à multiplier les selfies, symptôme marquant de la société du paraître. Parfois, la quête de la photo parfaite dégénère jusqu’à l’accident, quand la prudence s’efface derrière l’envie de partage. Les spécialistes évoquent aussi la ringxiety (syndrome de la sonnerie fantôme) ou encore le FoMO (Fear of Missing Out), cette peur de manquer une information qui nourrit l’hyperconnexion. Les conséquences : troubles de l’attention, nuits agitées, relations qui s’effritent. Les jeunes, là encore, paient le prix fort.

Adolescent allongé sur son lit concentré sur son téléphone

Comment reconnaître les signes et agir face à une dépendance au smartphone ?

Détecter une dépendance au smartphone demande un regard lucide. Les premiers signaux s’invitent dans la routine, et il vaut mieux ne pas les négliger. Voici plusieurs signes qui doivent alerter :

  • Incapacité à rester éloigné de l’écran plus d’une heure
  • Anxiété à l’idée d’être séparé de son téléphone
  • Sommeil perturbé par les notifications incessantes

Le corps, lui aussi, lance des avertissements : douleurs dans la nuque, troubles de la vue, fatigue qui ne passe pas. Chez les plus jeunes, la baisse des résultats scolaires, l’irritabilité et le repli social s’ajoutent à la liste.

Limiter le temps d’écran reste une piste concrète à explorer. Plusieurs applications permettent aujourd’hui de mesurer et de restreindre l’accès au téléphone.

  • Désactivez les notifications superflues
  • Imposez des temps sans téléphone : au repas, la nuit, lors des activités de concentration

L’OMS insiste : conjuguer réduction des écrans et activité physique favorise un équilibre psychique retrouvé.

Si la perte de contrôle s’installe, il est recommandé de consulter un professionnel : médecins, psychologues ou psychiatres peuvent s’appuyer sur la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), une approche éprouvée pour sortir de la spirale.

Des groupes d’entraide ou des fondations spécialisées telles qu’Addiction Suisse ou Turquie Santé proposent un accompagnement ajusté à chaque parcours. Et le cercle proche joue son rôle : multiplier les moments partagés sans écran, renouer le dialogue, recréer du lien hors du virtuel, autant de leviers pour ne pas s’enfermer dans l’isolement numérique.

La dépendance au téléphone n’a rien d’une fatalité. Pour beaucoup, un simple geste marque parfois le début d’un retour au réel : poser son smartphone, lever les yeux, et reprendre contact avec ce qui compte vraiment.